Guest post avec Cyndie Soue

 
Cyndie Soue est l’auteur du livre: de L’Enfant de la Délivrance (Janvier 2012), Merci à elle pour ce guest post. 

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Juliette, personnage complexe
Un an après la sortie de mon roman L’Enfant de la Délivrance, je peux lire des avis favorables qui me font chaud au cœur et j’en remercie les lecteurs. Bien entendu, il y a aussi l’inverse, mais peu importe, tant que c’est justifié, comme ça, je peux rectifier certains éléments (je sais par exemple que le prologue n’est pas assez développé car j’ai tellement voulu montrer une héroïne adulte que je me suis dit qu’il fallait aller vite sur son enfance, mettant les réponses des questions sur son passé au fil de l’histoire). Puis il y a des avis qui me laissent perplexe. Peut-on réellement juger un roman en ne lisant que 10% de son contenu ?
Du coup, grâce à Delhia qui me laisse la parole dans ce post, j’ai décidé de dévoiler, d’une certaine manière, le pourquoi de mon écriture, et surtout, expliquer pourquoi j’ai voulu une héroïne si particulière.
J’avais dix-huit ans, je faisais des études qui ne m’intéressaient pas, beaucoup de pression, sans oublier l’impression de vivre entre deux eaux. Etais-je encore une adolescente ou pouvais-je me considérer comme une adulte ? Tant de frustrations que je ne pouvais pas évacuer avec le sport (je n’aime pas ça) ou autre domaine. Alors j’ai écrit. J’ai mis sur papier ce qui n’allait pas, j’ai rêvé d’une jeune fille qui résoudrait ses problèmes d’une manière très particulière et ainsi, un jour d’avril, à la veille des vacances, j’ai créé Juliette.
Qui est réellement Juliette ?
N’avez-vous jamais eu l’envie de cogner sur des personnes qui vous cherchaient dans la rue, sur l’autoroute ou même dans votre famille ? On vous aborde dans la rue en vous insultant et vous faites simplement semblant de ne pas entendre, car vous savez que vous ne pouvez pas faire le poids contre la personne s’il y a confrontation. Juliette, elle, n’est pas comme ça. Ce serait au contraire la première à sourire à la personne avant de lui mettre une balle dans la tête. Trop radical, je sais, mais je préfère décrire un personnage qui fasse ça plutôt que le faire moi (bien que je sais très bien que je ne pourrais jamais faire du mal à une personne, ce n’est pas mon tempérament).
Donc Juliette n’a pas de cœur, et n’a aucun scrupule à faire souffrir les autres. Il faut se mettre à sa place pour comprendre. On a devant nous une femme qui n’a connu qu’un père de substitution, qui est certes là pour elle mais possède avant tout une entreprise à faire tourner. Coupée du monde, les seules personnes qui pourraient lui montrer un peu d’amour ne sont qu’au final des employés de son père adoptif. Elle en reçoit, mais elle ne vit pas dans une famille normale.
Elle apprend un jour que son père est un tueur et tous ses professeurs particuliers également. Quel est le moyen pour Juliette de s’épanouir ? C’est de devenir tueuse à son tour, car elle n’a pas d’autres exemples. C’est normal au final pour elle de tuer des personnes compromettantes, tant qu’elle reçoit un salaire pour cela, car elle n’a vu que ça autour d’elle depuis petite. Qu’aurais-je pu faire d’elle ? Lui donner la pensée qu’elle devait s’enfuir de ce monde pour ne pas finir tueuse ? C’est absurde.
Elle grandit et devient une tueuse exemplaire. Les hommes ne sont que des amusements pour elle, car elle vit pour tuer et ne pas se faire tuer. Elle sait qu’elle ne peut se fier à personne, pas même à son père, qui pourrait se retourner contre elle si elle devient une menace. Comment aimer un homme alors qu’on sait qu’il pourrait la tuer en un claquement de doigt ? C’est cette vision que je veux montrer à travers elle. Bien sûr, elle ne ressemble à rien à l’héroïne qui sauve le monde, puisque c’est un enfant de la destruction, tout le contraire de Charlène (personnage qu’on voit dans la deuxième partie du livre). Cependant, être une ordure ne peut durer éternellement, c’est pourquoi, ce personnage évolue avec son entraînement et la rencontre de l’homme qui la rendra heureuse et la fera revenir sur ses anciennes convictions (comme quoi, l’amour nous change).
C’est donc une progression que je voulais montrer à travers ce personnage. Il fallait au début montrer une personne qu’on pouvait détester dès la première page, pour ensuite s’apercevoir qu’elle pourrait devenir une personne appréciable. Etrangement, elle devient de plus en plus humaine alors qu’elle en apprend plus sur ses origines (un effet de contraste voulu lors de l’écriture). C’est pourquoi, on peut voir que son cœur de pierre, forgé par son éducation, se transforme petit à petit, la rendant plus vulnérable, jusqu’à aller jusqu’où les lecteurs savent.
Voilà pour l’explication. Je ne suis pas très douée pour ça, c’est pourquoi, je vous propose d’en discuter davantage si le cœur vous en dit sur ce post, voire sur la page « L’enfant de la délivrance » sur Facebook, vous pourrez également y déposer vos impressions, vos questions, vos remarques… tout ce que vous désirez tant que cela reste correct et convivial (une petite table avec des victuailles aurait pu être sympa, mais c’est compliqué via internet, une IRL un jour ?).
A très bientôt !