Résumé : DEUX FILLES, DEUX SIECLES, DEUX DESTINS CONTRARIES
New York, aujourd’hui.
Depuis la mort de son frère, Andi, jeune fille brillante et musicienne talentueuse, est plongée dans les méandres d’une adolescence difficile.
Paris, 1789.
En pleine Révolution française, Alexandrine, qui se rêvait comédienne, risque sa vie pour sauver le petit Dauphin de France que le peuple a condamné.
Quand Andi découvre le journal d’Alexandrine, ses mots la pénètrent jusqu’au cœur. Les deux jeunes filles sont liées à travers une inoubliable histoire d’amour, de sacrifice et de mort.
Avis : D’emblée j’ai été très intriguée par ce livre. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, n’ayant jamais lu les romans de Jennifer Donnelly. Eh bien aujourd’hui je regrette de ne pas avoir lu cet auteur plus tôt car j’ai beaucoup aimé Révolution et j’ai été très agréablement surprise par son style d’écriture.
Andi était une jeune fille intelligente, une musicienne de talent, promise à un avenir brillant. Mais le décès de son petit frère, Truman, survenu deux ans plus tôt à tout bouleversé. Aujourd’hui Andi est une adolescente qui est très mal dans sa peau. Elle ne s’est toujours pas remise de la perte de son frère et qui plus est, elle se sent coupable. Voyant qu’elle est sur le point de se faire expulser de son école, son père, un généticien mondialement connu, décide de l’emmener avec lui à Paris. Ce dernier doit effectuer des analyses ADN afin de déterminer si le cœur qui a été retrouvé est bien celui du petit Dauphin de France, Louis XVII, le fils de Marie Antoinette. Arrivés sur place, ils sont hébergés par Guillaume Lenôtre, un historien passionné de la Révolution française et du XVIIIe siècle, collectionneur d’objets en tous genres provenant de cette période. Au milieu de tout ce bazar, Andi est aussitôt attirée par une très belle guitare, datant elle aussi du XVIIIe. Très vite, elle découvre qu’à l’intérieur de l’étui de cette guitare s’y trouve une photo du jeune Dauphin de France, Louis Charles, accompagnée d’un journal, celui de sa demoiselle de compagnie, Alexandrine Paradis.
Révolution est un roman qui mêle savamment passé et présent, personnages réels et fictifs. Ce livre fait environ 500 pages, c’est un beau pavé mais qui se dévore avec délectation. Les chapitres sont courts, le style est fluide, on se laisse très facilement emporter par la plume de Jennifer Donnelly. Mais ce qui m’a le plus convaincue, c’est la façon dont l’auteur décrit les sentiments de ses personnages, en particulier ceux d’Andi. En effet, son malaise et sa souffrance sont décrits avec une telle intensité, que le lecteur en a le souffle coupé.
Andi a sombré dans la dépression. Effondrée, complètement anéantie, elle peine à reprendre pied et n’a plus goût à rien. Ce drame n’a pas non plus épargné ses parents qui ont fini par se séparer. Son père a décidé de noyer son chagrin dans le travail et de se consacrer entièrement à ses recherches. Par la suite, on apprend qu’il a refait sa vie. Sa mère quant à elle, une artiste peintre, a fini par perdre la raison. Tout cela n’a pas aidé Andi à aller mieux, bien au contraire. Elle se tourne donc vers la musique, domaine où elle excelle. Mais sa douleur est telle que ni la musique, ni même les cachets n’en viennent à bout. Elle envisage donc à plusieurs reprises de se suicider, pour que la douleur cesse enfin.
Ce roman est très émouvant, douloureux, on assiste impuissant à la descente aux enfers d’Andi. On aimerait qu’elle remonte la pente. Or sur plus de cent pages, elle ne fait que broyer du noir. Il faut attendre le chapitre 18 pour qu’elle tombe enfin sur le fameux journal et ce n’est qu’à partir de là que les choses commencent à changer. Ce journal est devenu son seul exutoire. Elle s’y accroche comme à une bouée de sauvetage et plonge avec passion dans sa lecture. Comme Andi, on est happé par le récit d’Alexandrine. Comme elle et comme Alexandrine avant elle, on se prend d’affection pour le petit Louis Charles. Et même si on sait quel a été son terrible destin, on ne peut s’empêcher de vouloir le défendre, de le protéger de tous ceux qui lui veulent du mal. On constate ainsi une évolution chez Andi, la dépressive aux tendances suicidaires du départ cède progressivement la place à une battante, une jeune fille courageuse, qui serait prête à risquer sa vie pour une cause qu’elle estime juste. Petit à petit, elle devient une rebelle, elle devient Alexandrine.
Il faut noter aussi que ce livre est une véritable mine d’informations. On voit bien qu’il y a eu un travail de recherche titanesque et ce à tous les niveaux. Les références musicales sont nombreuses tant sur le registre classique que contemporain. Les descriptions du Paris d’hier et d’aujourd’hui, sont très précises, au point qu’on s’y croirait presque. Jennifer Donnelly a également fait en sorte de rester le plus fidèle possible aux évènements historiques qui ont marqué notre pays durant le XVIIIe siècle. On retrouve donc pas mal d’informations sur la Révolution française mais aussi sur cette période sombre de notre histoire : la Terreur.
L’auteur s’est également très bien documenté sur tout ce qui touche à la politique actuelle de notre pays. On le voit bien notamment à travers les slams de Virgile où il est fait mention du chômage, de la discrimination à l’embauche, le problème des banlieues, la montée du Front National, les émeutes de Clichy-sous-Bois… Je ne m’attendais pas du tout à trouver ce genre d’information ici ! Même le nom du Président de la République, Nicolas Sarkozy est cité.
Au final ce livre a été pour moi un véritable coup de cœur. J’y ai pris beaucoup de plaisir à le lire. C’est un ouvrage captivant, magnifiquement bien écrit et très intéressant que je recommande fortement à tous !
Evenusia
Bravo pour ton blog et ses chroniques en VO/VF, un vrai plaisir de s’y balader. Merci !
Melliane
C’est avec grand plaisir, je pense qu’Inessa pense de même, c’est très gentil d’être passé. Merci
Inessa
Coucou Evenusia !! Merci beaucoup ! 🙂 🙂
Comme dit Melliane, ça nous fait énormément plaisir ! Merci d’être passé !!
Bonne fin de journée et à bientôt ! 😉
Avenael
Un roman coup de cœur pour moi également. Un très bel article qui lui rend hommage. Merci.