Les Aventures de Celine : Avant d’aller dormir de S.J. Watson

Céline est une blogueuse française qui écrit des fictions mettant en scène ses romans préférés. Elles me font toujours rire et j’espère que vous les apprécierez aussi. Merci à elle de les partager.

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Résumé : A la suite d’un accident survenu une vingtaine d’années plus tôt, Christine est aujourd’hui affectée d’un cas très rare d’amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu’elle a en fait 47 ans et qu’elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu’elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé… et sur son présent.

Avertissement: « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite »

Pour mémo: Episode 1 ; Episode 2 ; Episode 3 ; Episode 4 : Episode 5 ; Episode 6 ; Episode 7 ; Episode 8 ; Episode 9 ; Episode 10 ; Episode 11 ; Episode 12 ; Episode 13 ; Episode 14 ; Episode 15 ; Episode 16

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Salon du Livre de Paris

Mon pied vient de buter contre une plaque de carrelage mal scellée sur le sol. Je m’arrête immédiatement. Les murs tremblent, le plafond tremble, tout tremble autour de moi. Des cris commencent à fuser, mais mon corps est figé. Je pousse la dalle du bout du pied. Elle ne se déplace pas d’un millimètre. C’est étrange, tout est en mouvement autour de moi, sauf elle.

Melliane me rejoint et me prend par le bras. Je reste concentrée sur la dalle.

« Allez, bouge, Livre-vie… Un tremblement de terre ! »

Elle me tire légèrement, mais je résiste. Quelque chose m’incite à penser que ce n’est pas un tremblement de terre normal, que les apparences sont trompeuses.

Ne jamais se fier aux apparences. Mon instinct me hurle que ce n’est pas ce que l’on croit.

Une voix de femme qui se veut rassurante retentit dans les haut-parleurs du hall.

« Mesdames et Messieurs, nous vous demandons de vous diriger dans le calme vers les sorties de secours. Ce n’est qu’un tremblement de terre, le bâtiment a été prévu pour résister aux catastrophes naturelles. Pas de panique, s’il vous plait. »

Des catastrophes naturelles à Paris ? Mais on n’est pas à Pékin ! Il n’y a jamais de tremblements de terre à Paris!

Le Chat et Johanne nous rejoignent, et Johanne me donne un petit coup sur la tête du plat de la main.

« Eh, il faut bouger !

– Ils n’ont pas encore ouvert les portes des issues de secours, c’est bizarre…” observe le Chat.

Je pousse encore du bout du pied la fameuse dalle. Elle ne bouge toujours pas. J’aperçois, du coin de l’œil, Melliane qui se raccroche à une table voisine pour conserver son équilibre. Ses cheveux se sont libérés de sa queue de cheval et tombent de façon désordonnée sur son visage. Le Chat a les pieds bien ancrés sur le sol, et écarte légèrement les bras pour ne pas chanceler.

Je ne cesse de me répéter qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, c’est une leçon que j’ai tirée d’Avant d’aller dormir de S.J. Watson. Je suis encore sous le choc de ce thriller psychologique où la réalité n’est pas celle ce que l’on croit.

Je pousse un peu plus fort la dalle.

« Elle nous fait une attaque cérébrale ou quoi ?” s’inquiète le Chat.

Je vois les doigts de Johanne qui passent devant mes yeux.

« Eh, oh… »

Cela me fait sortir de ma transe, et je lève la tête. Un peu plus loin, je vois une femme qui court en serrant très fort contre un son sac d’où sort un petit livre orné d’un cadenas. Un journal intime, comme celui de Christine. C’est le docteur Nash qui lui a conseillé de tout consigner dedans. Son appel matinal lui rappelle son existence et le lieu où se trouve cette ancre de sa mémoire. Inlassablement, chaque matin, elle tourne les pages de son journal, jusqu’à tomber sur cette phrase « Ne pas faire confiance à Ben ». Ben, son mari si aimant, si attentionné, si patient. Ben, celui qui est le pilier de sa vie.

Un homme rejoint à grandes enjambées la femme au journal et l’étreint avec force. Elle se laisse aller un court instant contre son torse, et ils reprennent leur course vers la sortie.

La mémoire, cette petite chose fragile, ce fil si mince qui nous relie à ce que nous aimons, qui nous relie à la réalité.

.

« On fait quoi ? me demande le Chat.

Je jette un coup d’œil à la ronde. Les issues sont toujours bloquées. Tout ça est décidément bien étrange.

« Il y a un truc qui cloche… finis-je par dire.

– Mais elle a retrouvé la parole ! » me taquine Melliane.

Je ne relève pas, ce n’est pas le moment. La dalle aimante mon regard.

« Il y a quelque chose qui cloche, répété-je.

– Mais elle a perdu la tête, ajoute le chat. Elle radote.

– C’est une overdose de Nutella, renchérit Johanne. Ça fait cet effet-là.

– Chut… »

Je lève la main pour les faire taire, je me concentre. Voir au-delàdes apparences. Il y a vraiment quelque chose qui cloche.

« La dalle, dis-je à voix basse.

– Quoi, la dalle ? demande Johanne qui a toujours eu une bonne oreille.

– Il y a un truc qui cloche avec la dalle.

– Il faut vraiment qu’elle arrête le Nutella. Elle a des hallucinations », chuchote le Chat.

Le hall qui nous accueille continue de trembler de toutes parts, mais nous nous accroupissons toutes les trois de concert.

« C’est une dalle, elle est un peu ébranlée, c’est tout… » constate Melliane.

Ebranlée… Ce mot trouve un écho lointain en moi, la silhouette floue d’un “quelque chose” qui serait la clé mais qui se refuse à sortir. Ebranlée…

« Je n’arrive pas à me souvenir… “L’ébranleur du sol”… Ça ne vous dit rien ? »

Elles secouent toutes les trois la tête. Mémoire, mémoire… Pourquoi est-ce que je ne tiens pas un journal comme Christine dans lequel je noterais les faits marquants, ou les choses qui me sembleraient importantes. Il me serait bien utile, là, maintenant, tout de suite, tout comme il a été indispensable à Christine dans sa quête vers son identité. S.J. Watson nous livre un roman noir, sombre et trépidant, sorte de puzzle dans lequel les pièces s’imbriquent jour après jour, pour aller plus loin que les simples apparences, une machinerie parfaite où tout est d’une logique bluffante.

« L’ébranleur du sol… »

Je fais un effort supplémentaire pour me souvenir.

Une lueur, d’abord ténue, p

« Poséidon ! L’Ebranleur du sol ! C’est lui !

– La dalle lui est tombée sur la tête ou quoi ? murmure le Chat.

– Promis, j’arrête le Nutella, annonce Johanne.

– Poséidon, l’Ebranleur du sol, le dieu qui sort de la terre ou de l’eau par une fissure…

– Et ? s’enquiert Melliane. C’est un mythe ça !

– Mais les mythes ont toujours un fond de vérité ! », répliqué -je.

La salle tremble de plus belle, des cris retentissent autour de nous. Les portes sont toujours closes. La plaque de carrelage semble soudain prendre vie. C’est infime, un frémissement à peine aussi prononcé qu’un battement de cœur.

« Reculez ! »

En moins d’une seconde, nous nous sommes éloignées de plusieurs mètres, et attendons, immobiles, alors que la foule du hall continue de courir et de s’agiter autour de nous.

Une lueur d’abord ténue, puis plus vive, pour finir par être aveuglante commence à jaillir des contours de cette dalle. Je savais qu’il y avait quelque chose d’anormal.

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